14 juillet

Angel tient la feuille de papier aquarelle, pinçant les coins du bout de ses doigts. Il la regarde, regarde Misty et demande : « Vous avez dessiné un fauteuil ? »

Misty hausse les épaules et répond : « Ça fait des années. C’est la première chose qui me soit venue à l’esprit. »

Angel lui tourne le dos, en présentant la peinture de manière que la lumière du soleil la frappe sous des angles différents. Il ne la quitte pas des yeux et déclare : « C’est bon. C’est vraiment bon. Où avez-vous trouvé le fauteuil ? »

« Ce n’est qu’un dessin d’imagination », répond Misty, et elle lui raconte qu’une fois elle s’est retrouvée coincée sur la pointe de Waytansea toute la journée, avec pour seuls compagnons ses peintures et deux bouteilles de vin.

Angel plisse les yeux devant l’œuvre sur papier, la tenant si près qu’il en louche presque, et il dit : « On dirait un Hershel Burke. » Angel se tourne vers Misty et lui fait comme ça : « Vous avez passé la journée dans une prairie pleine d’herbe et vous avez imaginé un fauteuil fin de siècle victorien Hershel Burke ? »

Ce matin, une femme de Long Beach a appelé pour annoncer qu’elle repeignait la lingerie, aussi feraient-ils bien de venir voir le foutoir de Peter avant qu’elle démarre le travail.

En cet instant précis, Misty et Angel se trouvent dans la lingerie disparue. Misty est occupée à esquisser les fragments des divagations de Peter. Angel est censé photographier les murs. À la minute où Misty a ouvert son classeur pour en sortir un carnet à esquisses, Angel a aperçu la petite aquarelle et a demandé à la voir. Le soleil frappe à travers une fenêtre aux vitres translucides, et Angel lève le dessin à la lumière.

Peint à la bombe sur la fenêtre, ça dit : « … posez le pied sur notre île et vous mourrez… »

Angel déclare : « Il s’agit bien d’un Hershel Burke, j’en jurerais. De 1879, à Philadelphie. Son jumeau se trouve dans la maison de campagne des Vanderbilt, à Biltmore. »

L’objet a dû se graver dans la mémoire de Misty après un cours d’histoire de l’art de première année, ou une présentation des arts décoratifs en deuxième année à la fac d’arts plastiques. Peut-être qu’elle l’a vu à la télévision, au cours d’un programme vidéo sur les demeures célèbres dans une émission de télé publique quelconque. Qui sait d’où une idée peut surgir. Notre inspiration. La raison pour laquelle nous imaginons ce que nous imaginons.

Misty dit : « Encore heureux que j’aie réussi à dessiner quelque chose. Je n’étais pas bien du tout. Une intoxication alimentaire. »

Angel est en train de regarder l’aquarelle, il la tourne. Le muscle corrugateur entre ses sourcils se contracte en trois rides profondes. Son glabellaire se sillonne. Son muscle triangulaire étire ses lèvres jusqu’à ce que des rides marionnettes descendent de chaque commissure.

Esquissant les griffonnages sur les murs, Misty ne parle pas à Angel des crampes d’estomac. Tout cet après-midi de galère, elle a tenté de croquer un rocher ou un arbre, et elle a fini par chiffonner ses feuilles, dégoûtée. Elle a tenté de croquer la ville au lointain, le clocher de l’église et l’horloge de la bibliothèque, mais ça aussi, elle l’a chiffonné. Elle a chiffonné un portrait merdique de Peter qu’elle essayait de faire de mémoire. Elle a chiffonné un croquis de Tabbi. Puis, celui d’une licorne. Elle a bu un verre de vin et cherché quelque chose de neuf à bousiller par son manque de talent. Puis mangé un autre sandwich à la salade de poulet à l’étrange goût de coriandre.

Même la simple idée d’aller se promener dans les bois pleins d’ombre pour croquer une statue en train de partir en morceaux et prête à s’effondrer lui hérissait les poils de la nuque. Le cadran solaire tombé. Cette grotte fermée. Seigneur. Ici, dans la prairie, le soleil était chaud. L’herbe bourdonnait d’insectes. Quelque part au-delà des bois, les vagues de l’océan sifflaient et claquaient.

Par le simple fait de porter le regard vers les lisières obscures de la forêt, Misty était capable de s’imaginer l’homme en bronze si imposant, avec ses bras tachés, qui la surveillait de ses petits yeux aveugles enfoncés dans leurs orbites. Comme s’il avait tué la Diane de marbre et découpé son corps en morceaux, Misty était capable de le voir sortir de la forêt et se diriger vers elle de son pas de géant.

Aux termes des règles du Jeu de la Picole de Misty Wilmot, quand tu commences à te dire qu’une statue de bronze complètement nue va ployer ses bras de métal autour de toi et t’étouffer jusqu’à ce que mort s’ensuive sous ses baisers pendant que tu griffes à t’en arracher les ongles et que tu frappes des poings contre sa poitrine moussue – eh bien, il est temps de prendre un autre verre.

Quand tu te retrouves à moitié nue en train de chier dans un trou que tu as creusé derrière un buisson, avant de te torcher le cul d’une serviette en lin de l’hôtel, alors prends un autre verre.

La crampe stomacale a frappé, et Misty était en sueur. À chaque battement de cœur, un coup de poignard lui déchirait la tête. Elle a senti un mouvement dans ses tripes et elle n’a pas pu baisser sa culotte assez vite. Le foutoir a giclé autour de ses chaussures en éclaboussant ses jambes. L’odeur lui a donné un haut-le-cœur, et Misty a piqué du nez en avant, les mains ouvertes sur l’herbe chaude, les petites fleurs. Des mouches noires l’ont dénichée, à des kilomètres de distance, pour se mettre à arpenter ses jambes de bas en haut. Son menton s’est collé à sa poitrine et une double poignée de vomi rose a jailli pour tomber sur le sol.

Quand tu te retrouves, une demi-heure plus tard, avec de la merde qui dégouline sur ta guibolle, entourée par un essaim de mouches, prends un autre verre. Misty ne raconte rien de tout ça à Angel. Elle à ses esquisses et lui en train de photographier dans la buanderie disparue, il demande : « Que pouvez-vous me dire du père de Peter ? »

Le papa de Peter, Harrow. Misty adorait le papa de Peter. Misty répond : « Il est mort. Pourquoi ? »

Angel prend un nouveau cliché et avance la pellicule dans son appareil. Il hoche la tête devant l’écriture sur le mur et dit : « La façon dont un individu fait ses i, c’est tellement significatif. Le premier jambage exprime l’attachement à la mère. Le second, en descendant, exprime le père. »

Le papa de Peter, Harrow Wilmot, tout le monde l’appelait Harry. Misty ne l’a rencontré qu’une seule fois, le jour où elle venue en visite avant qu’ils se marient. Avant que Misty tombe enceinte. Harry l’a emmenée pour un grand tour de Waytansea Island, à pied, en lui faisant remarquer la peinture qui s’écaillait et les toits fléchés des grandes demeures en bardeaux. En se servant d’une clé de voiture, il a dégagé le mortier délité entre les blocs de granit de l’église. Ils ont vu à quel point les trottoirs de Merchant Street étaient fissurés et boursouflés par les racines. Les façades des boutiques zébrées de moisissures envahissantes. L’intérieur de l’hôtel fermé paraissait tout noir, comme s’il avait été éventré par un incendie. Et l’extérieur tout délabré avec ses moustiquaires de fenêtres rouge sombre à cause de la rouille. Les volets de guingois. Les gouttières qui s’affaissaient. Harrow Wilmot ne cessait de répéter : « Partir de plus rien pour se retrouver la peau sur les os en l’espace de trois générations. » Il disait : « Peu importe la manière dont nous l’investissons, l’argent ne dure jamais plus longtemps. »

Le père de Peter est décédé alors que Misty était déjà retournée à la fac.

Et Angel dit : « Pouvez-vous m’obtenir un échantillon de son écriture ? »

Misty continue à croquer les barbouillages, et elle répond : « Je ne sais pas. »

Pour information, juste au cas où, sache que d’être nue, maculée de merde et éclaboussée de vomissures en pleine campagne ne fait pas nécessairement de toi une véritable artiste.

Pas plus que les hallucinations. Tout là-bas, sur la pointe de Waytansea, tordue de crampes, la sueur dégoulinant de ses cheveux sur les côtés de son visage, Misty a commencé à voir des choses. À l’aide des serviettes de l’hôtel, elle essayait de se nettoyer un peu. Elle s’est rincée la bouche au vin. Elle a chassé les nuages de mouches. Les vomissures lui brûlaient encore les narines. C’est stupide, trop stupide à avouer à Angel, mais les ombres en lisière de la forêt ont bougé.

Le visage de métal était là, dans les arbres. La silhouette a fait un pas en avant et le terrible poids de son pied en bronze s’est enfoncé dans la terre molle en bordure de la prairie.

Quand tu as fait la fac d’arts plastiques, tu sais reconnaître une mauvaise hallucination. Tu sais reconnaître un flash-back. Tu t’es enfilé des tonnes de produits chimiques capables de se déposer dans tes tissus graisseux, prêts à inonder ton système sanguin de mauvais rêves en plein jour.

La silhouette a avancé d’un pas supplémentaire, et son pied s’est enfoncé dans le sol. Au soleil, ses bras paraissaient par endroits d’un vert éclatant, à d’autres, marron terne. Le sommet de sa tête et le dessus de ses épaules étaient blancs de toutes les chiures d’oiseaux accumulées. Les muscles de chaque cuisse de bronze se gonflaient, tendus, parfaitement délinéés, comme en relief, chaque fois que la jambe se levait, et la silhouette avançait. À chaque pas, la feuille de bronze bougeait entre ses cuisses.

Maintenant, de regarder l’aquarelle posée sur le dessus de la sacoche-photo d’Angel, c’est plus que gênant. Apollon, le dieu de l’Amour. Misty malade et ivre. L’âme nue d’une artiste entre deux âges, excitée.

La silhouette qui s’approche d’un pas plus près. Une hallucination débile. Une intoxication alimentaire. Elle nue. Misty nue. Toutes les deux répugnantes dans le cercle d’arbres qui entourent la prairie. Pour s’éclaircir les idées, pour faire partir la silhouette, Misty s’est mise à dessiner. Pour se concentrer. Un dessin de rien sur rien. Ses yeux se sont fermés, et Misty a placé le crayon sur le bloc à aquarelle et elle l’a senti qui raclait la texture du papier, déposant des traits bien rectilignes, elle a frotté du flanc de son pouce pour créer des contours ombrés.

Écriture automatique.

Lorsque son crayon s’est arrêté, Misty en avait fini. La silhouette avait disparu. Son estomac allait mieux. Les souillures avaient suffisamment séché pour qu’elle puisse en racler la plus grosse partie et enterrer les serviettes, ses dessous irrécupérables, et ses dessins chiffonnés. Tabbi et Grâce sont arrivées. Elles avaient trouvé ce qui leur manquait, tasse à thé, pot à crème, peu importe. À ce stade, le vin était terminé. Misty était habillée et elle sentait un peu moins mauvais.

Tabbi a dit : « Regarde. Pour mon anniversaire », et elle a tendu la main pour montrer une bague qui brillait à un de ses doigts. Une pierre verte carrée, taillée pour scintiller. « C’est un péridot », a dit Tabbi, et elle l’a relevé au-dessus de sa tête en plein dans les rayons du soleil couchant.

Misty s’est endormie dans la voiture, en se demandant d’où venait l’argent, Grâce les ramenant le long de Division Avenue jusqu’au village.

Ce n’est que plus tard que Misty a regardé son bloc à esquisses. Elle a été aussi surprise que le premier venu. Après ça, Misty a ajouté simplement quelques couleurs, à l’aquarelle. C’est stupéfiant ce que l’esprit inconscient est capable de créer. Quelque chose qui remontait à son enfance, une photo vue dans un cours d’histoire de l’art.

Les rêves prévisibles de la pauvre Misty Kleinman.

Angel dit quelque chose.

Misty répond : « Pardon ? »

Et Angel demande : « Qu’accepteriez-vous pour ça ? »

Il veut parler d’argent. De prix. Misty dit : « Cinquante ? » Misty dit : « Cinquante dollars ? »

Cette aquarelle que Misty a dessinée les yeux fermés, nue, la trouille au ventre, ivre, l’estomac malade et la nausée aux lèvres, c’est la première œuvre d’art qu’elle ait jamais vendue. C’est la meilleure chose qu’elle ait jamais faite.

Angel ouvre son portefeuille et en extrait deux billets de vingt et un de dix. Il demande : « Maintenant, que pouvez-vous me dire d’autre sur le père de Peter ? »

Pour information, juste au cas où, sache qu’en quittant la prairie, il y avait deux trous profonds tout à côté du sentier. Les trous étaient écartés de soixante centimètres, trop grands pour être des empreintes de pas, trop écartés pour avoir été faits par une personne. Une piste de trous dans le sol s’enfonçait dans la forêt, trop grands, trop écartés pour avoir été faits par un marcheur. Ça, Misty ne le dit pas à Angel. Il irait croire qu’elle est cinglée. Cinglée, comme son époux.

Comme toi, cher et tendre Peter.

Maintenant, tout ce qui reste de son intoxication alimentaire est le martèlement d’une migraine.

Angel tient l’aquarelle tout contre son nez et renifle. Il plisse le nez et renifle une nouvelle fois, puis il glisse la peinture sur le côté de sa sacoche-photo. Il la surprend qui l’observe et explique : « Oh, ne faites pas attention à moi. J’ai cru une seconde avoir senti une odeur de merde. »

Journal intime
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